Article du Paris-Normandie du 17 décembre 2016
[EXTRAITS]
Sécurité. Les 14 morts de l’incendie du Cuba Libre, dans la nuit du 5 au 6 août, ont forcé la mairie de Rouen à contrôler les lieux de la vie nocturne de la ville. À l’approche des fêtes, cette reprise en main continue d’avoir des conséquences.
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D’autres établissements sont sur la bonne voie. « Sur les 30 contrôles, 12 ont eu des mesures de fermeture partielle ou totale », décompte Fatima El Khili. « Cinq d’entre eux avancent bien dans leurs travaux ». Et seront donc bientôt rouverts. « Vous ne donnez pas leurs noms, n’est-ce pas ? », s’inquiète l’adjointe. La Ville est plus que frileuse à l’idée de communiquer sur le sujet. « Nous ne voulons pas faire de mauvaise publicité ».
Même son de cloche pour Jonathan Fant, le patron de La Luna, ouverte depuis onze ans.« Quelques uns ont communiqué, mais la plupart ne parlent pas », assure celui qui a accueilli dans sa boîte de nuit, fin octobre, une réunion d’urgence de la profession, inquiète de ces contrôles. Lui n’est pas directement concerné. Sa boîte de nuit est même un des « bons élèves » vanté par Fatima El Khili, « comme Les BerThom », rue de la Vicomte. À La Luna, après le départ de feu du 5 novembre, « à cause d’un artiste qui a fumé dans une réserve », la commission est revenue, et a constaté « les bonnes mesures prises ».
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SIGNALEMENTS ET DÉNONICATIONS
Cela n’empêche pas Jonathan Fant de regretter la politique « de répression plutôt que de prévention » pratiquée par la mairie. « Pourquoi maintenant ? Pourquoi faut-il attendre 14 morts pour avoir des contrôles de sécurité ? », interroge-t-il, à l’unisson de ses collègues. « Nous n’avons pas l’obligation de le faire », se protège la représentante de la mairie. « Tant que nous n’avons pas de signalements, nous n’avons pas de raison de contrôler un établissement ». Et des signalements, la mairie en reçoit depuis le mois d’août, de la part « de parents inquiets ou de voisins ». Jusqu’à la délation : « Nous avons reçu une dizaine de lettres de dénonciation ».
De quoi étoffer la liste de 53 établissements à contrôler édictée par la Commission de sécurité depuis le mois d’août. Aucune série de contrôles spécifiques n’est prévue pour les soirées des fêtes de fin d’année, et les patrons d’établissements « y assureront la même sécurité qu’au quotidien », assure l’un d’eux. Les opérations reprendront en janvier, pour les 23 qu’il reste à visiter. Au même rythme que ces quatre derniers mois, « 4 à 5 visites tous les 15 jours ». Fatima El Khili, qui rêve d’être vue « comme l’élue qui a sécurisé les bars de Rouen, pas comme leur killeuse », l’assure :« la vague de contrôles post-Cuba Libre n’est pas finie ». Et la pression n’est pas près de retomber.