RÉTABLIR LE TERMINUS DE LA T1 AU CHU

Conseil municipal du 3 octobre 2016

Motion sur le terminus de la T1

 Intervention de Jean-Michel Bérégovoy

 

Depuis lundi 29 août les arrêts St Hilaire et Boulingrin de la ligne TEOR T1 ont été supprimés par la Métropole. Le CHU est désormais le terminus de la ligne.

Notre demande de rétablir le terminus au Boulingrin de la T1 repose sur 3 enjeux ;

  • Celui du service public bien sûr ;
  • L’enjeu environnemental aussi ;
  • Et l’enjeu démocratique.

 

C’est tout d’abord un enjeu de service public.

Ces suppressions d’arrêts seraient motivées par le fait que les bus T1 (non en site propre entre le CHU et Boulingrin) étaient coincés dans la circulation aux heures de pointe, provoquant des retards se répercutant sur toute la ligne. Ces retards rendent cette portion de la ligne peu attractive et baissent sa fréquentation. Elle est néanmoins utilisée par 600 voyageurs / jour sur ces deux arrêts.

Pourtant, ces deux arrêts supplémentaires permettaient de rejoindre le métro au Boulingrin pour se rendre notamment à la gare, depuis le CHU (notamment pour ses salariés) sans avoir à repasser par le théâtre des arts. Nous craignons que des usagers de ce tronçon refasse le choix de la voiture plutôt que de prendre le métro puis TEOR.

Le président de la Métropole indiquait en conférence de presse à ce sujet que « une ligne de Teor, dans le trafic, ne fonctionne pas ». C’est prendre le problème à l’envers en priorisant la voiture sur le transport en commun. Alors que la Métropole, vient de financer une étude à la sociologue Sonia Lavadinho qui conclut au lien entre piétonisation, transport en commun et développement du commerce.

Et ce qui s’était passé sur les lignes Fast, notamment l’ancienne ligne 7 ; la Métropole avait fait le choix de traiter « les points noirs » afin de rendre la ligne plus performante et donc plus attractive.

Ainsi, afin d’assurer une continuité du service public, nous demandons le rétablissement de ces deux arrêts jusqu’à la mise en service de la ligne T4 qui assurera cette liaison.

Et pour rendre cette portion de ligne attractive et éviter les retards, une voie réservée aux bus sur les boulevards entre la place St Hilaire et la place du Boulingrin doit être mise en place. C’est cette solution qui aurait dû être envisagée plutôt que la suppression des arrêts. D’autant que la concertation sur la future ligne T4 a conduit  la Métropole à décider son prolongement jusqu’à la ZAC Aubette / Martainville. Ainsi, lorsqu’elle sera en service, la ligne 4 sera confrontée aux mêmes difficultés sur ce tronçon et des voies réservées devront être mise en place si elle veut être performante et rapide.

La solution aux problèmes de circulation dans notre Agglomération passe en grande partie par le développement du réseau de transports en commun. Plus le réseau sera efficace et développé, plus il incitera les voyageurs à l’utiliser.

 

De plus, c’est un véritable enjeu environnemental et de santé publique

  • La pollution

Selon un rapport publié par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ce 27 septembre, pas moins de 92% des habitants de la planète vivent dans des lieux où les niveaux de qualité de l’air extérieur ne respectent pas les limites fixées par l’OMS. Rouen affiche 23 microgrammes de particules fines par m3  alors que le seuil fixé par l’OMS est de 10.

Différents types de polluants sévissent dans la région. Celui qui présente les plus gros dépassements, par rapport aux valeurs limites fixées par les normes européennes, reste le dioxyde d’azote. Son apparition est liée au rejet des véhicules  et principalement au diesel. Vient ensuite la pollution aux particules en suspension, avec ses émissions de PM10 – les plus dangereuses car pénétrant plus profondément dans l’organisme – et les PM2, généralement à l’origine des pics de pollution. L’OMS a d’ailleurs classé le diesel comme cancérigène certain. Car environ 10% des cancers du poumon sont imputables à notre air. Une récente étude de l’OMS estime que 110 décès anticipés par an sur notre agglomération et  50.000 à l’échelle de la France, sont dus à la mauvaise qualité de notre air, même si Air Normand annonce qu’il s’améliore à l’échelle de la Métropole. En effet certaines pollutions (composés volatils, soufre, particules, plomb) ont reculé depuis plusieurs décennies, mais d’autres se sont renforcées, notamment l’ozone et les oxydes d’azote, qui sont liées essentiellement au diesel.

A l’échelle de la commune et de la Métropole, nous avons des leviers pour réduire les sources de ces pollutions, en développant les transports en commun et la mobilité douce (vélo, marche à pied etc). A ce propos j’en profite pour revendiquer une nouvelle fois la gratuité des transports en commun et la circulation alternée lors des pics de pollution.

 

  • Développer les transports en commun et la mobilité douce

Ainsi, il faut inciter massivement à l’utilisation de modes de déplacement alternatifs afin que le moins de déplacements possibles se fassent en voiture.

Et c’est bien là l’enjeu pour notre Agglomération. Le Plan de Déplacement Urbain de la CREA nous apprenait que 73% des déplacements sur notre territoire font moins de 6km, dont 60% en voiture ! Une grande partie de ces déplacements pourraient se faire autrement qu’en voiture, notamment les trajets « Domicile-travail ». La solution est donc notamment de développer les transports en commun. Par exemple la future ligne T4 a des prévisions de fréquentation de 15.000 voyageurs/jour dans la fourchette basse. Cela devrait représenter une baisse de 15% du trafic automobile sur le tracé de la ligne.

Notre groupe à la Métropole défend un investissement fort dans les réseaux de transports en commun. Nous défendons également le renforcement du maillage de parking relais le long des lignes structurantes de transports en commun afin de permettre aux personnes venant de la périphérie de la Métropole, d’accéder au centre-ville de celle-ci sans leur véhicule. Il faudrait créer plusieurs milliers de places de parking relais pour que cela soit pertinent et efficace.

 

  • Le contournement Est

Par ailleurs j’en profite pour revenir sur le contournement Est, dont la commission d’enquête publique vient de rendre un avis positif. Celui-ci est – à tort – présenté comme une solution qui permettra de réduire la pollution au cœur de notre Agglomération, alors qu’au contraire :

  • L’autorité environnementale a alerté que le contournement Est induirait 50.000 tonnes de CO2 en plus, notamment sur la rive gauche, sans compter les effets du développement de la périurbanisation qui n’ont pas été pris en compte. Ce sont également 516 hectares de forêts et de zones agricoles qui disparaitraient.
  • En développant la périurbanisation avec le contournement Est, nous créerons de nouvelles zones d’habitation non desservies par les transports en commun. Ces habitants viendront encombrer les axes pénétrants de notre Agglomération, et donc participeront à augmenter les émissions de particules sur notre territoire ;
  • 73% des déplacements sur l’Agglomération font moins de 6% : ces trajets ne concernent pas le contournement est ;
  • Les trafics de transit et de desserte locale se font essentiellement à l’ouest.

Par ailleurs au moment où des incertitudes persistent sur les capacités de financement émanant de l’Etat pour le projet de la Ligne Nouvelle Paris-Normandie (LNPN), nous pouvons craindre que l’Etat ne financera que le contournement Est.

 

Un enjeu démocratique

Enfin, le rétablissement du terminus de la T1 au Boulingrin est un enjeu démocratique. En effet la Métropole a pris cette décision sans aucune concertation avec les usagers, les associations les représentant et encore avec les élus de Rouen. Une pétition circule et a recueilli à ce jour près de 1500 signatures.

D’autant que c’est une concertation publique qui a abouti au prolongement de la T4 jusqu’à la ZAC Aubette Martainville via St Hilaire et le CHU. C’est donc qu’il y a bien un besoin de transport en commun sur cette desserte, avec une voie réservée pour qu’il soit efficace et attractif.

C’est pour apporter des réponses concrètes à tous ces enjeux et pour bien évidemment soutenir les usagers, que nous présentons cette motion.

 

Pour répondre aux autres motions ;

  • La question du prolongement du métro ne se pose plus, étant donné que la T4 reliera le Boulingrin à la ZAC Aubette-Martainville en passant par le CHU. La T4 permettra ainsi de relier directement les deux sites du CHU (Rouen et Bois-Guillaume). Par ailleurs les aménagements du Boulingrin n’est pas été vain puisque la T4 le desservira.
  • Par ailleurs il est assez contradictoire de défendre le prolongement du Métro – ce qui aurait des coûts monstrueux pour deux stations – et de critiquer la future ligne 4. Elle permettra de transporter chaque jour entre 15.000 et 18.000 voyageurs / jour ! Ce qui contribuera à la fois à réduire la pollution en centre-ville, à fluidifier la circulation avec des véhicules en moins, et à permettre à nombres d’utilisateurs de voyager à des coûts plus bas que ceux de la voiture individuelle.

 

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