Conseil municipal du 4 avril 2019
Motion présentée par le groupe Décidons Rouen
Repensons la mobilité pour sauver des vies
Photographie prise du panorama de la côte Sainte Catherine dans l’après-midi du 27 février 2019.
Le parti pris de certains industriels et de leurs lobbyistes qui consiste à faire croire à la population que leurs technologies sont sans risques, au mépris de la santé et de la planète, pour quelques dividendes de plus ne convainc plus grand monde car la société a changé et les études indépendantes, toujours plus nombreuses, viennent faire voler en éclat leurs campagnes de communication.
Grâce à une étude récemment publiée par le European Heart Journal, on sait aujourd’hui que 67 000 personnes meurent prématurément chaque année en France des effets de la pollution de l’air, soit 185 par jour et plus de 110 par an à Rouen ! Une réalité dénoncée de longue date par les écologistes et combattue dans les villes comme au Parlement européen. Le dieselgate l’a démontré : les constructeurs sont conscients des dangers qu’ils imposent à la population. En s’alliant pour camoufler les émissions réelles de leurs véhicules, en s’épaulant les uns les autres pour cacher que la consommation de carburant des véhicules vendus est supérieure à celle annoncée et coûte en moyenne 400€ de plus par voiture et par an aux ménages, ou en plaidant pour l’assouplissement des normes, ces industries prouvent que le marché dérégulé est nocif pour l’environnement et la santé.
Si le gouvernement semble avoir choisi son camp de par son immobilisme, les collectivités locales, à travers leurs élu.e.s doivent être résolument au côté des citoyen·ne·s qui se battent pour le droit de vivre en bonne santé. Les moyens sont connus, et il ne manque souvent que la volonté politique.
Pour notre groupe « Décidons Rouen », il est temps d’agir plus fortement et sur tous les leviers. Nous ne réduirons pas la pollution atmosphérique dans nos villes sans mesures fortes et notamment en termes de transport en commun et d’élaboration d’infrastructures permettant une intermodalité apaisée. Nous avons certes beaucoup œuvré en créant de nouvelles lignes de bus performantes ; la prochaine mise en service du T4 – et prochainement d’un T5 – renforcera notre offre sur le territoire métropolitain et tout particulièrement à Rouen. Mais cela ne suffit pas. Alors que l’inaction tue, nous nous devons d’agir en mettant en place une tarification solidaire en ce qui concerne le réseau de bus et de métro tout en étudiant sérieusement l’impact de la gratuité tant qualitativement que quantitativement pour l’entreprise et les usagers. De plus, il est urgent, à l’instar de nombreuses villes et agglomérations, de prendre des décisions fortes en cas de pic de pollution tels que nous en avons encore connu dernièrement et dont nous voyons qu’ils reviennent de plus en plus fréquemment. Ainsi, la gratuité des transports en commun et du stationnement résidentiel doit être la norme lors de ces épisodes de pollution aux particules fines qui, nous le rappelons, sont les plus dangereuses pour nos organismes.
De plus, nous devons accélérer la création de parkings relais reliés à notre réseau de bus et de métro en amont de notre centre-ville afin de permettre à celles et ceux qui sont dans l’obligation d’utiliser leur véhicule individuel de trouver des solutions pour rejoindre notre cœur de métropole en transport en commun ou en vélo. C’est d’ailleurs ce que nous travaillons avec les services de la Métropole sur la zone des deux rivières route de Darnetal où le projet d’un grand parking relais est désormais bien engagé.
Enfin, en plein débat sur le PLUi, nous nous devons non seulement de préserver mais également de développer des vrais espaces de nature en ville et tout particulièrement dans les zones qui sont presque exclusivement minérales. De ce point de vue, rappelons que lors de l’appel à projets citoyens, ce sont les oasis urbaines, portées par l’association « Effet de serre toi-même » qui ont largement été plébiscitées par celles et ceux qui se sont alors exprimés. Le coefficient de biotope ambitieux qui est sera bientôt la règle sur notre ville va aussi dans le bon sens.
Lutter contre la pollution de l’air, c’est aussi lutter contre le changement climatique, et c’est ce que demandent la société et tout particulièrement la jeunesse. Il est urgent d’agir pour et avec les générations futures en se montrant à la hauteur de ce que notre jeunesse nous demande et d’agir enfin.
C’est pour cela que le groupe « Décidons Rouen » propose au conseil municipal de demander au plus vite au Président de la Métropole ainsi qu’aux représentants de l’Etat d’organiser une table ronde dans laquelle seraient invitées les élus, les organismes et associations liés à l’usage des différents mode de transports doux et collectifs mais aussi celles et ceux qui travaillent sur les questions de santé publique afin de prendre tous ensemble et en toute transparence des décisions à la hauteur des défis et des enjeux auxquels nous sommes de plus en plus confrontés en termes de pollution atmosphérique.