Pourquoi sommes-nous contre l’armement de la Police municipale ?

Le sujet de la tranquillité publique et de la sécurité est une question importante. Notre groupe est sur ce sujet pragmatique, tout en défendant des valeurs.

Il faut en effet savoir allier à la fois la question des libertés individuelles avec la répression parfois nécessaire, tout en ayant  la volonté, le plus possible, de mettre en place des politiques de préventions, qui peuvent éviter, quand on y met les moyens, les passages à l’acte. Nous abordons le sujet de la sécurité avec sérieux.

Quelle est la mission de la police municipale ?

Elle doit assurer des missions de police administrative et de police du code de la route. Elles mènent des actions de prévention, de présence dissuasive, de médiation et également, de verbalisation sur le stationnement.

La police municipale vient en complément de l’action de la police nationale.  C’est une police du quotidien qui  a une  connaissance des quartiers et instaure une relation de confiance avec les habitants, de proximité. Sa fonction est d’assurer la tranquillité  de l’espace public dans le périmètre de la municipalité.

Mais c’est à la police nationale, au gouvernement, à l’état, d’assurer la mission de sécurité, à l’armée aussi dans le contexte actuel.

Nous le savons tous : la police a été soumise à rude épreuve, comme nous tous, depuis les attentats. Nous saluons le courage des policiers qui sont intervenus dans le bataclan par exemple, ou à Nice.
Mais une conception républicaine de la police nécessite d’être exigent sur son fonctionnement , sur l’utilisation de la force . La police d’un gouvernement issu d’un coup d’état par exemple ,ce n’est pas la même chose qu’une police dans un pays démocratique , le commandement n’est pas le même et les buts poursuivis peuvent être différents .
Nous défendons  une police républicaine qui protège le peuple mais non une police qui protège le pouvoir, quel qu’il  soit.

L’extrême droite et une partie de la droite  profite du contexte du terrorisme, des inquiétudes légitimes auxquelles nous sommes tous confrontés  pour promouvoir leur programme politique comme l’armement des polices municipales, en jouant sur les peurs.

Mais Au-delà des polémiques lancées par le maire de Nice, peut-on vraiment dire que la police nationale n’est pas mobilisée ?

Est-ce qu’on peut dire sincèrement que les policiers ne sont pas tous mobilisés pour lutter contre le terrorisme ?

Est-ce qu’on peut dire, vraiment, sans être de mauvaise foi, que le gouvernement ne fait rien contre le terrorisme ? Avec un peu de recul, et de sincérité, on sait tous que la mobilisation est générale.

Même si nous n’avons pas toujours approuvé les choix du gouvernement Valls notamment sur la déchéance de la nationalité, ni approuvé les suppressions de postes de policiers par l’ancien président Sarkozy, il n’est pas vrai de dire que les autorités ne se mobilisent pas, nationales ou locales. Tous les jours, les parents d’élèves sont confrontés à la mise en œuvre du plan Vigipirate dans les écoles, qui n’est pas toujours simple à vivre au quotidien.

On le sait tous, la police est  mise à rude épreuve mais comme nous tous, comme nous tous !

Depuis l’attentat qui a touché Charlie hebdo, nous déplorons  235 morts dont  4 policiers, ce sont 235 morts de trop, ce sont 4 policiers morts de trop,   c’est vrai mais il est inexact de dire comme le fait l’extrême droite que le simple fait de porter  l’uniforme est une prise de risque pour nos agents qui deviennent une cible de choix.

En réalité, nous sommes tous concernés par ce danger, nous sommes tous menacés par ce terrorisme qui frappe à l’aveugle.  Nous avons  du mal à nous rendre à cette évidence, cela est douloureux d’intégrer cette nouvelle donne : citoyens, passant dans la rue, amateur de rock, étudiant, clients de bars, professeurs des écoles, prêtre, musulman, catholique, quel que soit la religion, promeneur du dimanche,  en faisant nos courses, en vivant tout simplement nous sommes tous potentiellement concernés par la menace.

C’est ce qui est terrifiant. Oui, le mot est fort mais l’inquiétude aussi.

Et nous devons tous lutter contre le terrorisme. On en a tous conscience, chacun à notre place.

Qui a signalé la présence d’un homme suspect à la fac de Rouen ? Un étudiant et la police a pris en compte ce signalement.

Pour lutter contre le terrorisme, c’est un sujet vaste, il y a la diplomatie, les actions contre les pays qui financent le terrorisme, ce qui se passe en Syrie, en Irak ou en Lybie, évidemment, ce qui se passe dans notre pays avec la mobilisation d’une police nationale formée pour cela, de l’armée, aguerrie, avec des armes qui sont d’un autre calibre que ceux  qui peuvent être détenues par la police municipale.

Mais pour lutter contre le terrorisme, on sait aussi que le sujet de l’éducation est central.

D’où proviennent ces jeunes qui se radicalisent ? Ils reviennent parfois de Syrie, mais avant de partir là-bas, ils ont fréquenté les écoles de la République.

La police est utile dans notre société, elle a une mission de protection des populations. Ce qui ne m’empêche pas de penser que l’équilibre entre prévention et répression a malheureusement été rompu depuis plusieurs années et nous le regrettons tous les jours.

La parole publique est forte pour affirmer l’utilité de la police, elle est moins forte pour défendre le travail des professeurs ou des travailleurs sociaux, c’est un triste constat

Mais un des sujets les plus importants concernant le terrorisme, c’est quand même bien la question du renseignement en amont. Car une fois que le commando est lancé, on sait qu’il est presque trop tard.

Les solutions exclusivement sécuritaires proposées par l’extrême droite et une partie de la droite, ont leurs limites. La Ville de Nice en est un malheureux exemple : c’est la ville la plus vidéo surveillée de France, avec le nombre le plus important de policiers municipaux armés par rapport au nombre d’habitants, qui malheureusement n’ont pas été en mesure d’empêcher l’acte terroriste qui s’est déroulé à Nice !!!

Précisons que tous les policiers municipaux ne veulent pas être armés, il est important de l’indiquer, il y a débat au sein des polices municipales. Par contre, les syndicats de police nationale sont plutôt opposés à cet armement de leurs collègues municipaux.

M. les policiers municipaux,  ne considérez pas que vous n’êtes pas de vrais policiers parce ce que vous n’avez pas d’armes ! Votre métier est important, utile, en complément de la police nationale qui est un autre métier.

L’extrême droite fait de la manipulation en ayant en tête cette étude du Cevipof, réalisée à la veille des élections régionales de décembre 2015, indiquant que le vote d’extrême droite  s’est installé dans la fonction publique. Et que chez les policiers et les militaires, les intentions de vote pour l’extrême droite ont atteint 51,5%.

L’histoire nous l’a déjà prouvée mille fois, on peut parler de la seconde guerre mondiale ou de la guerre d’Algérie par exemple,  l’extrême-droite ne porte pas en elle le désir de paix, l’extrême-droite n’a jamais construit le vivre ensemble, elle se nourrit des tensions qui existent dans les sociétés pour diviser encore et d’avantage.

 

LIRE L’INTERVENTION DE STÉPHANE MARTOT EN CONSEIL MUNICIPAL SUR CE SUJET

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