Conseil municipal du 6 février 2017 – Voeu
Politique de peuplement : un enjeu d’avenir pour la cohérence de notre Ville
L’INSEE vient de publier les derniers chiffres issus des recensements effectués entre 2009 et 2014. On y apprend que malgré les nombreuses constructions sur notre territoire ces dernières années, la population rouennaise n’a pas progressé.
Cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs. En premier lieu, les parcours résidentiels. En effet, à l’arrivée des enfants, les couples sont souvent contraints de quitter Rouen pour trouver des logements plus grands qui leur restent financièrement accessibles.
Une autre raison, est l’attractivité du territoire. En effet, Rouen déjà surnommée « le pot de chambre de la Normandie », connaît une détérioration de son image avec les pics de pollution à répétition de plus en plus médiatisés, dans un contexte où les populations y sont plus sensibles. De plus, il reste beaucoup à faire en termes d’aménagement de notre espace public. En effet une urbanisation apaisée qui redonne au végétal, au travers des trames bleues et vertes et des jardins, doit se substituer à la minéralisation extrême que l’on connaît à Rouen depuis trop longtemps. On le voit bien, le projet « Cœur de Métropole » reste beaucoup trop minéral alors même que de nombreux citoyens, d’associations, d’urbanistes et d’élus ont largement plaidé pour un renforcement majeur des espaces naturels dans notre centre-ville. La nature en ville, au-delà d’apaiser les comportements, permet de lutter efficacement contre les pollutions sonores et atmosphériques. Elle contribue également à la limitation du réchauffement climatique.
Enfin, l’autre raison est la politique de peuplement mise en œuvre et les limites observées. L’enjeu de mixité sociale n’est pas vain ; il s’agit d’éviter de concentrer des populations avec des difficultés sociales et / ou financières dans les mêmes quartiers. Dans certains quartiers de la Ville, comme les Hauts de Rouen, la population s’homogénéise socialement, créant de véritables îlots de précarité, contraire à l’esprit des différentes politiques de rénovation urbaine.
La Ville, aux côtés de la Métropole, a les moyens d’agir sur ce phénomène, par l’attribution notamment des logements sociaux – en travaillant avec les bailleurs – et en rendant plus attractifs certains quartiers par la présence d’équipements publics de proximité et par la rénovation urbaine.
La rénovation urbaine est un outil de la politique de peuplement au sens où elle mobilise les leviers du logement et de l’aménagement urbain pour redistribuer des populations sur le territoire. Elle permet d’améliorer la qualité de vie d’un quartier et donc de rehausser son image pour y attirer des investisseurs privés en même temps que de nouveaux groupes sociaux auxquels une offre résidentielle est proposée.
Et à ce titre, nous sommes très inquiets, à quelques semaines des élections législatives et présidentielle, que l’Etat n’ait toujours pas donné d’engagement financier clair pour le PNRU 2. Ces sommes nous sont indispensables pour poursuivre le travail de rénovation urbaine de ces quartiers, tant pour la rénovation des espaces publics et des logements que pour assurer la présence et la qualité des équipements de services publics de proximité.
C’est pour pourquoi par ce vœu nous demandons :
- Que la politique de peuplement sur le territoire soit repensée et réfléchie en profondeur, notamment par la mise en place d’une commission interbailleurs, afin de casser le phénomène de ghettoïsation que l’on commence à ressentir dans certains quartiers de Rouen ;
- Que la Ville défende fortement les enjeux des parcours résidentiels, de reconquête des friches urbaines, de renaturalisation de nos espaces publics, dans le PLU de la Métropole en cours d’élaboration ;
- Que la Ville intervienne fortement pour que des engagements financiers soient donnés très rapidement par l’Etat concernant le PNRU.