Notre maison brûle et Frédéric Sanchez regarde ailleurs !

Tribune du 27 septembre 2018 publiée dans le Paris Normandie.

 

Où que l’on porte le regard, nous voyons les stigmates d’un modèle dit « de développement » qui détruit la planète et augmente les inégalités.

Depuis plusieurs années, des études scientifiques démontrent que la vie quitte notre Planète: artificialisation des sols, destruction des forêts, menaces sur les océans qui se remplissent de plastique, sixième extinction des espèces depuis l’apparition de la vie sur Terre. Des oiseaux aux insectes, des vers de terre aux poissons, des mammifères aux mollusques, tous les voyants sont au rouge. Nous subissons les effets du changement climatique. Cet été, du Japon à la Grèce, de la Californie à la Scandinavie en passant par le Groenland, la terre a pris feux et notre planète se transforme en étuve.

Pendant ce temps, les rentiers du carbone ont la belle vie. Ils spéculent sur la raréfaction des matières premières, la prédation sur les espaces naturels et sur les misères du plus grand nombre. Ainsi, en 2017, 82% des richesses produites dans le monde sont revenues aux 1% les plus riches. Les 10% les plus riches sont responsables à eux seuls de 50% du changement climatique quand les 50% les plus pauvres n’en sont, eux, responsables que de 10%. La question écologique est, par nature, liée à la question sociale. Et le constat fait mal : les plus fragiles sont en première ligne face aux effets de l’effondrement écologique quand les plus riches s’en repaissent et ont, pour l’instant, les moyens de s’en préserver.

Pour nous projeter sur les enjeux du XXIe siècle, il est nécessaire d’être lucide sur cette réalité du monde. La démission de Nicolas Hulot a raisonné comme un coup de tonnerre. Face aux dénis du Gouvernement et de ses soutiens concernant l’urgence écologique, la sincérité et la clairvoyance de Nicolas Hulot constituent un réquisitoire implacable pour ceux qui pensent encore que les recettes du siècle dernier pourraient apporter des réponses aux périls des temps qui viennent. Partout en France, des projets d’infrastructures inutiles et imposés gaspillent les finances publiques, défigurent nos paysages et concourent à nous maintenir dans un modèle économique obsolète qui détruit l’environnement et l’emploi.

Ce qui est vrai au niveau mondial et national l’est également au niveau local.

La tribune solitaire du Président de la Métropole dans Paris-Normandie, présentant la réalisation du contournement Est de Rouen comme indispensable à notre territoire est le signe que, décidément, de trop nombreux responsables politiques se trompent de modernité.

Rappelons que ce projet autoroutier date des années Pompidou – Lecanuet dont les plus anciens se rappellent peut-être.

Les mêmes formules que nous entendons depuis plus de 40 ans véhiculent les mêmes convictions qui ont pourtant démontrées depuis qu’elles étaient sans avenir. Par exemple, penser que le transport de marchandises continuera demain à se faire par camion est non seulement insensé, mais constitue de plus une intention coupable quand chacun.e a compris que nous devons développer le fret ferroviaire et fluvial et relocaliser l’économie. Faute de moyens suffisants pour les transports en commun, beaucoup de foyers sont dans l’obligation de s’équiper de véhicules individuels qui coûtent de plus en plus chers. L’étalement urbain que génère la construction de nouvelles rocades entraine la disparition de terres agricoles et la réalisation de zones commerciales qui tuent les commerces de proximité. Le contournement Est n’améliorera en rien la qualité de l’air dans le cœur de la métropole. En revanche, il fera la fortune du concessionnaire autoroutier qui se verra confier la réalisation de l’infrastructure, financée à 50% par de l’argent public, et l’exploitation des péages. Ce projet est le vestige d’une vision datée et punitive de l’économie: hors sols, dure pour l’environnement et douce pour les grands groupes de BTP.

Pourtant, une autre Métropole est possible. Et les écologistes se battent pour sauver l’essentiel et esquisser les solutions de demain.

Notre métropole bénéficie d’espaces remarquables par leur biodiversité. Par notre détermination, nous avons pu mener des actions qui ont permis de préserver une partie d’entre eux.

A Rouen, nous avons mis en place une alimentation de qualité, bio et de proximité dans les écoles. Sur les transports collectifs et le développement des pistes cyclables, nous essayons de convaincre qu’une nouvelle mobilité est à portée de mains et bénéficiera à toutes et tous.

Attachés au lien entre écologie et pouvoir de vivre, nous développons des réseaux de chaleur renouvelable qui permettent de baisser les charges de chauffage et de réduire la précarité énergétique. Nous explorons la réduction des déchets à la source pour que le prix de la Taxe sur l’Enlèvement des Ordures Ménagères baisse, elle aussi. Notre objectif est que nos actions écologiques permettent à toutes et tous de faire des économies. C’est ce que nous appelons « le 13e mois écolo ». Pour nous, la COP 21 locale que notre Métropole a souhaitée mettre en œuvre n’est pas une opération de communication. Elle doit contribuer à inventer les solutions qui sont bonnes pour notre territoire, bonnes pour l’environnement et bonnes pour le porte-monnaie des habitantes et des habitants.

En 2002, inspiré par Nicolas Hulot, Jacques Chirac, s’adressant aux chefs d’Etat de la planète réunis au sommet de la Terre à Johannesburg, prononçait cette phrase: « Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs ».

20 ans après, il est enfin temps de regarder les réalités en face et d’agir en conséquence de manière cohérente.

L’écologie est une chance et un chemin pour prendre soin de notre Métropole et de celles et ceux qui y vivent. Plus que jamais, nous sommes engagé.es pour que les belles paroles soient mises en actes. Il en va de l’avenir de notre territoire et de la planète comme de celui de notre qualité de vie.

 

 

Pour EELV Rouen :

Véronique Bérégovoy,

 

Pour les élu.e.s EELV à la Région Normadie :

Laetitia Sanchez, présidente du groupe Normandie Ecologie EELV à la Région Normandie,

 

Les élu.e.s Décidons Rouen et EELV de la Ville de Rouen, et de la Métropole Rouen Normandie :

Jean-Michel Bérégovoy, Béatrice Bochet, David Cormand, Mikaela Delamare, Christophe Duboc, Fatima El Khili, Gérard Lartigue, Françoise Lesconnec, Frédéric Marchand, Stéphane Martot, Céline Millet, Cyrille Moreau, Laura Slimani.

Vous pourriez aussi aimer...

%d blogueurs aiment cette page :