Article de Paris-Normandie du 27 janvier 2017
[EXTRAITS]
Démocratie. Qui croit encore au référendum local ? Ce dispositif prévu par la loi est finalement peu utilisé. Dans l’agglomération, il ne laisse pas que de bons souvenirs. Qui a la recette pour réussir cet exercice ?
Jean-Michel Bérévogoy, adjoint (EELV) à la démocratie participative à Rouen, affiche une position exigeante : « Dire oui ou non, ce n’est pas une vraie réponse. Les questions sont souvent plus complexes que celle formulée dans le référendum. La réponse peut provoquer frustration, ressentiment et finalement enterrer un débat. »
« L’élu n’est pas tout puissant »
« Ça ne me gêne pas que l’on ait recours à cette forme de démocratie directe, que les élus retournent en quelque sorte devant les électeurs quand par exemple dans un mandat quelque chose s’ajoute ou bien est supprimé dans le programme », avance le chef du groupe Décidons Rouen.
La méthode est capitale, insiste Jean-Michel Bérégovoy : « En cours de mandat, la situation peut changer. Et on peut avoir un doute. Mais alors il faut le dire, revenir vers les citoyens pour discuter. C’est le bon sens. Il faut rompre avec la logique de l’élu tout puissant. Ça n’ôte pas à la légitimité. » Question d’honnêteté intellectuelle. « On ne perd pas de pouvoir mais on gagne de la confiance, de l’apaisement et de la transparence. » Il évoque la consultation citoyenne de 2008, menée alors par Valérie Fourneyron, sur le projet de reconstruction de l’espace Monet-Cathédrale à la place de l’ancien palais des congrès. « Ce qui était proposé était biaisé, instrumentalisé », juge-t-il.
Environ 80 % des 7 941 électeurs avaient dit non à un projet architectural « qui aujourd’hui, je pense, serait accepté. En plus une deuxième question invitait à donner son avis sur les aménagements du secteur. Les gens voulaient des espaces verts, ils ont été déçus. »
Le problème c’est plutôt comment réussir cet exercice de démocratie participative.« Sur la revalorisation des quartiers Est on espère pouvoir organiser une votation citoyenne d’ici 2020 pour valider des projets. Sur le principe, c’est OK. Mais cela veut dire de prendre son temps pour construire avec les habitants. » Évidemment, ce temps-là n’est pas spectaculaire ni médiatique… Mais vraiment politique.