La revanche d’El Khili

Article du Paris-Normandie du 20 avril 2014

Portrait d’adjoint. De l’engagement associatif à la politique, l’élue Vert se retrouve pour la première fois adjointe.

 

Fatima el khili réduite

 

«Je suis arrivée en France à l’âge de 5 ans, et j’ai toujours vécu dans les environs de Rouen. Cette date, c’est comme si j’étais née. Je n’ai pas de souvenirs avant. Mais je me souviens du jour de mon arrivée, avec des petits détails. » Fatima El Khili, aujourd’hui élue à la tête d’une délégation aux multiples volets – dont le

logement et l’habitat durable, les bâtiments communaux, l’énergie – a vu le jour au Maroc, à la frontière entre deux paysages. « Je suis originaire du sud du Maroc, un petit bled à côté de Zagora. » Et non loin de là se trouve le célèbre panneau bien connu des baroudeurs, près du désert, « Tombouctou, 52 jours de chameau ». Dans « ce beau pays », elle y retourne une fois par an, et a conservé la richesse de cette culture. « Les gens sont très accueillants, il existe une vraie hospitalité. Ce sont des valeurs que je garde précieusement ».

 

À l’âge des études, elle s’oriente d’abord dans un parcours de comptabilité-gestion au lycée des Bruyères, avant de travailler pendant neuf ans pour le groupe Saint-Gobain. Son chemin la mène ensuite vers les sciences de l’éducation. « J’ai travaillé au Greta pendant treize ans avec des adultes, et depuis un an je suis professeur d’économie et gestion au lycée des Bruyères. C’est un retour aux sources », confie l’enseignante, qui a vécu « une découverte. Les élèves ne sont pas toujours évidents, mais attachants ». À cette jeunesse, elle « essaie de les ouvrir. Je les aide à devenir des citoyens, à réfléchir autrement, voir plus loin. L’objectif est de les ouvrir, qu’ils puissent arrêter de se victimiser. L’avenir appartient à ceux qui cherchent la revanche. Je ne suis pas une prof classique, j’apporte une autre sensibilité », partage, convaincue, celle qui a également beaucoup oeuvré dans le milieu associatif.

 

L’éducation et l’engagement

 

Militante, mais aussi « un peu féministe ». Louise Michèle est l’une de ses figures de références. « Cette femme, cette résistante, a combattu à un moment donné où la femme n’avait pas d’existence dans la société. Je me retrouve en elle. » Pour continuer de porter ces causes qui lui tiennent à coeur, Fatima El Khili choisi une autre voie, celle de la politique, sous les couleurs d’EELV. « Mon véritable engagement se fait en 2011. En 2012, je me présente en tant que suppléante aux législatives, dans la circonscription 76.03 [le candidat principal est Jean-Pierre Lancry, NDLR]. Dans ce parti, je m’y retrouve dans ce côté un peu jeune, libertaire, qui apporte des choses nouvelles. C’est un parti où tout le monde peut s’exprimer, où chacun peut apporter sa pierre à l’édifice. »

 

« On n’y croit pas au départ »

 

Élue porte-parole du groupe en 2013, elle repart en campagne, pour les municipales cette fois. « Je ne sais pas où j’ai trouvé l’énergie, mais je l’avais. Les moments forts ont vraiment été la rencontre avec les Rouennais lors du porte-à-porte On a fait une très belle campagne, il y a eu beaucoup d’investissement. Et puis il y a eu la victoire. » Samedi 5 avril, elle est officiellement élue adjointe, lors du conseil d’installation. «

On n’y croit pas au départ. Mais c’est ce jour, lorsque j’ai pris place dans le conseil, que j’ai vraiment réalisé. Et on se dit, « c’est maintenant que ça va commencer ». 

 

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