Article du Paris Normandie du 6 juin 2016
Grève. La décision d’autoriser les parents à fournir un pique-nique à leurs enfants dans les écoles où la cantine n’est pas assurée fait des vagues.
Il fallait s’en douter. Si elle ravit certains parents d’élèves, la décision de la Ville de Rouen d’ouvrir les espaces de restauration scolaire aux enfants munis d’un repas froid, malgré la grève d’une partie de son personnel contre la loi Travail, ne fait pas que des heureux.
A commencer par deux composantes de la majorité, les élus Verts et PCF, qui dès vendredi se fendaient d’un communiqué où ils indiquaient que cette « décision à la demande du maire d’instaurer un accueil sur le temps du midi, par des personnels non-grévistes, dans les écoles où la cantine ne serait pas assurée, s’apparente au « service minimum » que notre majorité dans son ensemble n’a pas souhaité mettre en place ». Prévenus par une simple note jeudi après-midi, certains agents se disaient « surpris, même dégoûtés » par ce « passage en force » inédit.
Chips et compotes en gourde
Côté syndicat, la CGT des territoriaux n’a pas tardé non plus à réagir. Et si elle partage évidemment l’avis de ces élus mécontents, elle place le débat sur un autre plan : celui de l’hygiène alimentaire : « Alors que tout au long de l’année, le personnel doit respecter des normes très pointues sur la chaîne du froid ou la conservation des aliments, du jour au lendemain, on se contente d’un sandwich sorti du cartable, sans aucun contrôle sur la qualité ou la fraîcheur de la nourriture », argumente le délégué CGT François Botté, venu au contact du personnel gréviste à l’élémentaire Anatole-France.
Dans la cantine, où les non-grévistes accueillent une cinquantaine d’écoliers (contre environ 120 habituellement), c’est ambiance pique-nique avec une prédilection pour le paquet de chips et la compote en gourde. Côté sandwiches, deux écoles : le « fait maison » ou le triangle sous plastique. « Quand la municipalité parle d’éducation à la santé, de menu équilibré, et qu’elle encourage les parents à ce régime pour leurs enfants, on peut quand même se demander si les élus croient vraiment à ce qu’ils disent », continue François Botté qui note au passage que l’adjoint aux Affaires scolaires, Frédéric Marchand, membre du groupe Décidons Rouen, ne cautionne d’ailleurs pas ce fonctionnement « décidé par Yvon Robert pour satisfaire les revendications d’une poignée de parents. Pour moi, c’est une mesure purement électoraliste. Même Jean Lecanuet n’avait pas osé ! ».