Intervention de Jean-Michel Bérégovoy sur le partenariat de la Ville de Rouen avec le Crédit Agricole,
lors du Conseil municipal du 22 septembre 2014.
Monsieur le Maire, chers collègues,
Nous intervenons depuis 6 ans et demi maintenant sur la question des partenariats et des mécénats auxquels la Ville de Rouen a recourt par l’organisation de diverses manifestations publiques. Nous n’y sommes pas opposés par principe, ce qui nous importe c’est le choix des entreprises retenues par passer ces partenariats ou ces conventions.
Ce soir, deux délibérations seront présentées pour des manifestations dont le Crédit Agricole est partenaire ; la délibération 1-5 sur l’organisation des Zazimuts, et la 8-1 sur l’organisation d’Automne gourmand.
Le choix de cette banque nous pose un véritable problème éthique. En effet nous refusons que notre Ville, notre majorité qui porte des valeurs humanistes, permettent à des entreprises de ce type de se faire de la publicité à moindre frais sur nos évènementiels.
Que reprochons-nous au Crédit Agricole ?
Le crédit Agricole dite Banque verte était à l’origine une banque coopérative. Depuis la création de CASA (Crédit agricole Société anonyme, société par action), on peut raisonnablement s’interroger sur ce qui perdure de coopératif dans ce dispositif.
En effet le Crédit Agricole est en tête de plusieurs classements peu compatibles avec les valeurs que notre majorité défend.
# L’association Les amis de la Terre toujours, a classé les banques selon les impacts humains et environnementaux de leurs activités et des projets dans lesquels elles investissent . Le Crédit Agricole se retrouve en bas du classement.
Voici le tableau (réalisé également par les Amis de la Terre) des projets controversés connus que BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole, les trois principales banques françaises, financent à travers le monde :
# En décembre 2010, le cabinet de conseil Utopies et l’association Les Amis de la Terre publient le premier classement carbone des grandes banques françaises et le Crédit agricole se retrouve 10e sur 10 avec 1071 kgeqCO2 pour 1 000 € investis.[i]
# Une enquête d’Alternatives Economiques[i] montre que toutes les entreprises françaises du CAC 40 sont fortement présentes dans les pays offrant des services financiers de type « paradis fiscaux ». Le secteur financier se révèle être le plus engagé dans les paradis fiscaux avec la BNP Paribas, le Crédit Agricole et la Société générale en tête, qui disposent de 361 entités offshore.
En plus d’être la 2ème banque française la plus présente dans les paradis fiscaux, le Crédit Agricole est dans la 4ème entreprise française du CAC 40 la plus présente dans les paradis fiscaux.
Nombre de filiales dans les paradis fiscaux |
En % du nombre total de sociétés dans le groupe |
|
BNP Paribas |
189 |
23 |
LVMH |
140 |
24 |
Schneider |
131 |
22 |
Crédit agricole |
115 |
19 |
PPR |
97 |
17 |
Banque populaire |
90 |
9 |
France Télécom |
63 |
24 |
Société générale |
57 |
17 |
Lagardère |
55 |
11 |
Danone |
47 |
23 |
# De façon plus anecdotique, le Crédit Agricole a fait parler de lui récemment dans l’affaire des actions Espirito Santo de Xavier Musca. L’ex-chef de cabinet de Nicolas Sarkozy, devenu directeur général délégué du Crédit Agricole, a encaissé 32,6M€ en vendant des actions qu’il détenait personnellement de la Banque Espirito Santo, la veille de leur dévaluation, alors que de par ses fonctions il est administrateur de la Banque Espirito Santo.[i]
[i] http://www.alternatives-economiques.fr/paradis-fiscaux—le-cac40-et-les-paradis-fiscaux_fr_art_633_42326.html