Motion soutenue par les élu(e)s du groupe Décidons Rouen
LA SNCF VEUT ELLE ENCORE NOUS FAIRE AIMER LE TRAIN ?
A compter du 5 octobre prochain des lignes d’autocars SNCF doubleront l’offre publique régionale et inter-régionale de trains entre Le Havre- Paris et Rouen-Paris avec 4 allers retours quotidiens.
L’abandon annoncé au travers du rapport Duron, de la circulation de certains trains InterCités était bien là pour faire de la place aux autocars de la SNCF.
Conséquence de la libéralisation des transports autocars inscrite dans la loi Macron, les liaisons routières de transports collectifs se multiplient concurrençant les lignes SNCF avec des prix d’appels en dehors de toute réalité économique.
Plus lourd de conséquences, la SNCF avec sa filiale, rebaptisée pour l’occasion OUIBUS, met en place des dessertes par autocars pour concurrencer ses propres trains de voyageurs afin de ne pas laisser trop de parts de marché aux entreprises privées de transports de voyageurs par la route. Il est facile de comprendre que, pour une ou deux dizaines d’euros de moins, il y aura toujours des clients pour prendre le car plutôt que le train notamment les plus modestes ciblés cyniquement par le ministre Macron dans sa loi.
Ce développement de l’offre routière de la SNCF se situe dans un contexte de dégradation persistante de la qualité de service sur la ligne ferroviaire Paris-Le Havre, et ce m, malgré les engagements de son président M. Pepy. Les retards et suppressions de trains, les pannes, l’inconfort se multiplient et suscitent un mécontentement grandissant et légitime des usagers quotidiens qui ont d’ailleurs engagés récemment une grève du billet.
Le symbole est terrible : la SNCF plutôt que d’améliorer sa performance et l’inter modalité organise aujourd’hui sa propre concurrence sur le tracé de la future Ligne nouvelle Paris-Normandie ! A quoi bon tant de communication et de promesses, à quoi bon les engagements budgétaires des collectivités pour permettre la LNPN, si c’est pour déjà l’enterrer ? A quoi bon si la SNCF elle-même abandonne le train et scie la branche sur laquelle elle est assise en vidant les trains de ses usagers habituels qui représentent selon les études d’impact plus de 50% des passagers des nouvelles lignes d’autocars. Les pertes de recettes sont déjà évaluées au plan national à 200 millions d’euros.
Ce qu’attendent les usagers quotidiens du train pour leurs relations domicile-travail, leurs études, leurs déplacements, ce n’est pas d’être renvoyés vers des autocars. Ils veulent des trains assurant des liaisons régulières, fiables, performantes, confortables et accessibles à tous. C’est la mission première du service public de la SNCF.
C’est un gâchis inadmissible de la dépense publique qui s’organise ; ainsi la SNCF reçoit d’un côté les subventions des Régions qui subventionnent à hauteur de 40 % la circulation des TER et, de l’autre, fragilise les lignes soutenues par les Régions qui seront une nouvelle fois mises à contribution en cas de déficit d’exploitation.
Ainsi, dans un contexte budgétaire déjà très contraint, le choix est fait de laisser aux collectivités le soin de financer une desserte équilibrée des territoires tandis que la SNCF fragilise le transport public.
Alors que la France se prépare à accueillir la COP21 en décembre prochain, ce développement des transports routiers est une aberration de plus en terme environnemental ! Est-ce ainsi que notre pays entend participer à l’indispensable effort planétaire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique ? Le bilan financier du rail en souffrira et le bilan carbone du transport des voyageurs augmentera sensiblement.
C’est pourquoi le conseil municipal :
– Réaffirme son exigence que la SNCF concentre ses moyens pour une amélioration immédiate de sa liaison ferroviaire Paris-Le Havre afin de garantir la régularité, le confort auquel sont en droit d’attendre les usagers du service public
– S’alarme des conséquences économiques et environnementales de liaisons routières mises en place par la SNCF et des sociétés privées qui viennent concurrencer et mettre en difficultés l’avenir des lignes ferroviaires existantes.