Intervention de soutien à la motion du groupe des élu(e)s Communistes – Front de Gauche
Conseil municipal du 5 octobre 2015
« A quelques semaines de la COP21, nous critiquons, aux côtés du Front de Gauche, le renoncement de la SNCF à ses missions de service public ferroviaire. Nous nous inquiétons également du désengagement persistant de l’Etat ayant conduit à cette situation.
En étant incapable d’assumer un pilotage sérieux et transversal de l’offre des transports, et en particulier de la politique ferroviaire, il permet en effet un véritable gâchis de dépenses publiques. Rappelons que le transport par route, contrairement au train, n’assume pas de lui-même ses coûts d’infrastructure ; la construction et l’entretien du réseau routier sont entièrement à la charge de tous les contribuables, alors que les usagers du train s’en acquittent directement dans le prix de leur billet.
De plus, comme il est rappelé dans la motion, la région subventionne la SNCF à hauteur de plus de 60 Millions d’euros par an pour les lignes TER, et a même financé ces dernières années des trains neufs sur les lignes Intercité pourtant gérées par la SNCF ! Nous nous interrogeons en conséquence sur la logique politique et financière de la mise en place des lignes OuiBus. Et nous questionnons de plus la logique commerciale de l’opération.
Car les usagers quotidiens du train, sur des déplacements professionnels ou étudiants, ne choisiront pas une alternative certes moins coûteuse, mais très inconfortable et incertaine en termes d’horaires. L’encombrement des axes routiers aux heures de pointe, et le ralliement parfois de piètre qualité des gares routières aux réseaux de transports urbains, sont autant de facteurs qui n’encourageront pas ces usagers à changer leurs habitudes. Et pour les usagers ponctuels, il existe déjà une alternative plus économique en moyenne, et plus confortable que les lignes OuiBus : le covoiturage.
En dépit des études d’impact, nous nous demandons donc quel public les lignes OuiBus intéresseront-elles réellement ? Et, devant ces apparentes lacunes commerciales, si le réel objectif de la SNCF et du gouvernement ne serait pas d’organiser la mort du transport ferroviaire régional en Normandie, au profit d’infrastructures routières coûteuses ? A la lecture du rapport Duron, cela ne serait pas surprenant.
Nous sommes bien en présence d’une véritable aberration environnementale, et nous associons au groupe Front de Gauche pour demander à la ville de Rouen de réaffirmer son exigence d’une amélioration immédiate de sa liaison ferroviaire Paris-Le Havre, et une attention toute particulière aux conséquences économiques et environnementales de la généralisation du transport routier aux dépends du train. »