Intervention en réponse aux motions de la droite et extrême droite.
« La question migratoire s’invite à nouveau à notre conseil municipal. Et malheureusement l’extrême droite invite aussi l’hystérie, triste spectacle .
Pourquoi ne pas parler de ce sujet calmement , sérieusement ?
Nous en avions déjà parlé lors du conseil du 21 avril 2015 . J’ai eu l’occasion de relater l’histoire de ce couple chrétien d’Irak de 80 ans , que j’ai accompagné dans le cadre de mon travail , et qui avaient obtenu le statut de réfugiés . J’avais dit ce que j’avais compris de la vérité de ce couple âgé qui avait dû fuir son pays, et cette vérité, c’était fuir ou mourir ! Et la France s’est honorée de les accueillir, de les protéger, de leur proposer un logement , leur permettant de finir leur vie en paix, ici.
Depuis il y a eu la mort de ce jeune garçon qui a ému le monde entier . Certains dans cette assemblée nous reprocheraient presque d’avoir été ému, et pourtant, il y avait de quoi non ? Depuis cette photo, les reportages furent nombreux à la télé expliquant ce que signifie fuir son pays .
Un autre regard sur l’immigration est apparu, un autre discours aussi , celui de l’accueil nécessaire, quand depuis des années, ce qui est véhiculé autour du migrant a très souvent une connotation négative, comme les deux motions qui nous sont proposées ce soir, celle de l’extrême droite , habituelle , et celle de ceux qui courent après l’extrême droite .
A ceux qui simplifient le débat en n’abordant pas la complexité du sujet, je leur dis qu’ils se trompent. A ceux qui, comme d’habitude, prennent en otages les migrants en prônant leur rejet, tout en oubliant parfois leur propre parcours de migration, celui de leur propre famille, je leur dis d’arrêter de ne pas vouloir se souvenir, je leur dis d’arrêter de se jeter sur les migrants, parce que ce sujet est un marqueur politique qui galvanise leurs troupes. Car il est plus difficile de proposer des solutions pour sortir le pays des crises que nous traversons que de trouver des boucs émissaires, qui seraient la cause des problèmes de tout le monde.
La réalité, c’est que l’histoire du monde, c’est l’histoire des migrations, alors qu’une partie de la droite et la totalité de l’extrême droite réinventent en permanence une histoire du monde qui n’existe pas, une histoire du monde qui n’a jamais existé, celle des populations qui ne migrent pas, de même pour l’histoire de la France , de notre République.
Alors oui, la France est un pays d’immigration. Sauf à vouloir nier notre propre histoire, on ne va quand même pas construire des murs, il faut bien organiser cet accueil.
C’est le travail de l’Etat et nous demandons la création de places de centres d’accueil de demandeurs d’asile, pas seulement à Rouen, mais aussi sur la métropole.
Nous souhaitons que l’Etat crée des moyens supplémentaires en direction des associations Rouennaises qui accueillent les personnes sans hébergement , car nous savons déjà que les places de CHRS vont manquer pour la période d’hiver, pour toutes celles et tous ceux qui se retrouvent sans hébergement. Et il n’y a pas a faire de distinction entre les populations.
Bien sur la ville de Rouen, en se déclarant ville accueillante a agit comme il se devait, et cela a été approuvé par l’ensemble de la majorité. Et cela ne correspond en rien à un appel d’air dénoncé par certains, puisque il existe déjà, depuis toujours des réfugiés à Rouen. Pourquoi vouloir faire croire le contraire ? On connaît les motivations .
M. le Maire va s’exprimer sur ce que propose la ville, nous souhaitons que ce qui va être mis en place soit à la hauteur des enjeux.
Les migrants sont présents et ils seront encore là demain
Alors de manière rationnelle, non dictée par l’émotion, nous devons organiser l’intégration de ces migrants, quelle que soit leur façon de venir en France, qu’ils soient demandeurs d’asile, migrants économiques, ou maintenant migrants climatiques, qui quittent leur lieu d’habitation car leur village est submergé par les eaux de manière définitive, conséquence réelle du dérèglement climatique .
Pour notre part, nous pensons qu’il faut des périodes de régularisations plus importantes, donner des droits et donc des devoirs aux migrants.
J’en conclus en pensant à ce migrant qui à Calais hier, s’est retrouvé nu, déshabillé de force, tabassé par 4 agresseurs qui ont fuit en voiture. Je sais que la situation n’est pas simple à vivre pour les Calaisiens, elle ne l’est pour personne, citoyens locaux et migrants, c’est une réalité. Mais toute intervention comme celle du FN aujourd’hui produit des effets dévastateurs, et sont autant de signaux qui entraînerons de nouvelles agressions.
Bien entendu, nous voterons contre les deux motions proposées . »
Stéphane Martot
Conseiller municipal délégué du groupe des élu(e)s DR