Article du Paris-Normandie du 28 avril 2014
Portrait d’adjoint. « Simple » citoyenne il y a encore quelques semaines, elle est désormais chargée de la Mobilité durable.
La vie réserve parfois des surprises. Si vous aviez dit à Céline Millet il y a encore quelques semaines qu’elle se retrouverait dans un fauteuil d’adjoint à la mairie de Rouen… Et pourtant, elle est désormais en charge de la Mobilité durable. Alors que certains militants l’espèrent pendant 30 ans, comment de « simple » citoyenne, complètement « apolitique », s’est-elle retrouvée là ?
Son chemin débute dans le Gers et la Haute-Garonne où elle a grandi. Une région à laquelle elle demeure «très attachée » et de laquelle lui reste un léger accent, charmant. La scolarité à Toulouse jusqu’à une maîtrise de physique-chimie. Puis le départ pour Lille et un DESS Génie des procédés de traitements des eaux, « option fête ». Ce qui ne l’empêche pas de sortir major de sa promo.
C’est à ce moment qu’elle débarque en terres rouennaises, pour son premier job. Une délocalisation pas évidente a priori. « Je me suis dit que ça allait être comme à Lille, et… non », raconte-t-elle en souriant. « La première fois que je suis arrivée, il faisait gris. Je ne voyais que des usines, c’était loin d’être gagné. Nous n’avions pas du tout prévu de rester avec mon mari, lui aussi originaire de Toulouse. Puis finalement nous avons deux petits Rouennais, nous nous sommes fait des amis et nous sommes restés. »
Son passage aux abattoirs
C’était il y a 11 ans, elle est recrutée par Veritas, un bureau d’évaluation et de certification, dans lequel elle travaille toujours, « dans le même service mais pas avec les mêmes attributions ». Le moment de raconter une anecdote amusante, au sujet de son stage d’étudiante aux abattoirs de Narbonne. « C’était à l’époque
de la vache folle. Chez Veritas, ils se sont dit que si j’avais survécu à ça… », s’amuse-t-elle. « On en rigole mais ils m’ont dit plus tard que ça avait joué. » Et de raconter ce monde si « particulier », viril, des équarrisseurs, où le barbecue se partage « à 9 h du matin » et dans lequel « la fille bac + 5 a dû se faire accepter ». Son bizutage, « aller chercher les morceaux d’un cheval écrasé par un train. Il y a des choses que je ne mange plus, le boudin par exemple. J’ai mis 4 mois avant de rentrer dans la triperie. Les tripiers font ça de père en fils tellement c’est particulier… » Ça vous donne une idée du genre de femme qu’elle est.
La première étonnée
On est encore loin de la salle du conseil… Céline Millet fait la rencontre de Françoise Lesconnec à l’école Maurice Nibelle. L’élue EELV y est institutrice, elle est représentante des parents d’élèves. Une lutte est fondatrice en 2011, celle contre la fermeture d’une classe. « Nous avons gagné à la fin, même Jean-Michel Bérégovoy disait que c’était une cause perdue d’avance. » Elle se souvient de « moments de lien social énormes » : « Au-delà de la lutte, on s’est rendu compte qu’on pouvait faire changer les choses ». Clin d’œil de l’histoire, Céline Millet intervient au conseil municipal pour porter la parole des parents d’élèves, le soir du 1er avril 2011. C’est la fameuse séance durant laquelle les Verts démissionnent de l’exécutif. Trois ans plus
tard, elle se retrouve en face à la table des adjoints, avec Lesconnec et Bérégovoy comme « confrères ».
C’est avec eux qu’elle a fait la fameuse campagne « écolo et citoyenne ». L’« aventure », comme elle la qualifie, commence lors d’un dîner un soir de décembre 2012, et « petit à petit » devient campagne, puis mandat. Elle semble la première étonnée que cela fut possible…
On parle beaucoup de proximité et de démocratie participative ces derniers temps et on a légitimement des raisons d’être sceptique, mais le fait de voir une Céline Millet arriver sur le banc du conseil est tout de même un signe fort. Est-ce que la réalité de la politique la rattrapera, l’avenir le dira…
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