Conseil municipal du lundi 14 novembre 2016
Motion d’urgence de notre groupe
BIEN CHOISIR SES MÉCÈNES
Jusqu’au 18 novembre prochain à Marrakech se déroulent les négociations internationales sur le climat dans le cadre de la COP 22. L’une des priorités de cette conférence est la ratification du traité de Paris qui doit permettre de contenir le réchauffement bien au-dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C.
20% des émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines proviennent de la dégradation des forêts. Cette déforestation est à la fois une cause et une conséquence du changement climatique. Les arbres fournissent de l’oxygène, ce qui permet de réguler le climat mais ils absorbent également le CO2 issu de l’air et le stockent dans leurs troncs sous forme de carbone. Ainsi près de la moitié des réserves de CO2 sur Terre se trouve dans nos forêts, qui emmagasinent 20 à 50 fois plus de CO2 que n’importe quel autre écosystème. En cas de destruction de ces forêts, le carbone est à nouveau libéré sous forme de gaz à effet de serre, notamment en cas de défrichement par le feu. Ainsi, des quantités gigantesques de CO2 sont rejetées dans l’atmosphère.
Les causes de la déforestation sont bien connues : la transformation de la forêt en cultures agricoles et la surexploitation du bois, dopées par la spéculation sur les prix des matières premières et le foncier. Les principales causes de la déforestation se retrouvent dans nos assiettes et nos maisons, à travers les produits que nous consommons. L’huile de palme entre dans la composition de la moitié des produits alimentaires empaquetés et vendus en supermarché. Quand elle est sans garantie, l’huile peut provenir de monocultures de palmiers qui remplacent la forêt du Sud-est Asiatique par exemple.
L’ONG WWF dresse tous les ans un bilan des entreprises utilisant de l’huile de palme certifiée durable. Elles sont de plus en plus nombreuses à le faire telle Ferrero, même si cette huile labellisée durable ne représente aujourd’hui que 17% du volume d’huile de palme produite et que la certification se focalise pour l’instant essentiellement sur les forêts primaires et peu sur la protection des forêts secondaires ou des sols riches en carbone. C’est d’autant plus dommageable que l’huile de palme peut être remplacée par d’autres graisses végétales naturelles non hydrogénées.
Les acteurs publics, dont notre collectivité, se doivent d’être exemplaires dans cette lutte contre le réchauffement climatique. A Rouen, nous replantons plus d’arbres qu’il y en a d’abattus tous les ans. A ce titre nous ne pouvons que regretter les platanes abattus injustement sur l’esplanade St Gervais en juillet dernier. Egalement, la Ville de Rouen a déjà amorcé un travail important avec la restauration scolaire qui se fournit à 64% de produits locaux, durables et bio, alliant ainsi enjeux environnementaux et éducation au goût. Car au-delà des aspects écologiques, il y a de véritables enjeux de santé liés à l’alimentation et à la pratique sportive régulière.
Ainsi, les 2000 boîtes de Rocher et les 100 boîtes de Kinder mis à disposition à la maison des aînés par Ferrero pour noël, sont en total contradiction avec les enjeux de lutte contre le réchauffement climatique, de développement de l’économie locale et de sensibilisation au « bien-manger » et à la pratique sportive. Ces produits sont le symbole même de la « mal bouffe » et viennent en remplacement des colis de noël dont nous nous étions opposés à la suppression.
Ainsi la Ville de Rouen s’engage à :
- Ne pas distribuer ni acheter de produits ne respectant pas l’environnement et la santé ;
- Rédiger une charte du mécénat établissant des critères sociaux, éthiques et environnementaux auxquels devront répondre les mécènes retenus.