Article du Paris-Normandie du 9 octobre 2016
Sécurité. L’onde de choc consécutive au terrible incendie du Cuba Libre n’a pas fini de se propager. Sur seize bars de nuit contrôlés depuis la fin août, quinze ont été épinglés pour non conformité aux règles.
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« Pas de véritable prise de conscience »
RIP* le Class-Ik, premier sur la liste à baisser définitivement le rideau à la suite d’un départ de feu, le 20 août. Dernier en date à s’être fait épingler, la semaine dernière, le 3 Pièces Muzik’Club, place du Général-de-Gaulle. Le patron du café-concert emblématique de la scène alternative rouennaise a lui-même tenu à en informer ses habitués, via Facebook : le sous-sol est sous le coup d’une fermeture administrative, et le rez-de-chaussée frappé d’un avis défavorable lourd de conséquences. L’exploitant dispose d’un délai (quinze jours selon lui) pour entreprendre les démarches de mise en conformité de son bar. Il n’a pas souhaité commenter cette décision, on le comprend.
Présente lors du contrôle, Fatima El Khili, adjointe (EELV) au maire et présidente de la commission communale de sécurité, a découvert avec surprise que « les dégagements (sorties), au nombre de trois ou quatre à l’origine, ont été cloisonnés. L’un donnant sur la rue Louis-Ricard est notamment muré. Le seul dégagement restant, c’est l’entrée du bar. En plus, il y a un étage. On leur laisse donc un délai afin qu’ils rouvrent plusieurs dégagements pour continuer à exploiter le rez-de-chaussée et l’étage. » Quant au sous-sol, « il est desservi par deux escaliers donnant au même endroit, ce qui n’est pas conforme ».
Or le club est déclaré comme établissement recevant du public (ERP) de catégorie 5, c’est-à-dire parmi les « petits établissements » qui, pour ceux dotés d’un seul dégagement, ne peuvent accueillir plus de dix-neuf personnes en sous-sol (cent vingt dans l’ensemble de l’établissement). C’était le cas aussi du Cuba Libre, dont le gérant et son frère ont été mis en examen pour « homicides involontaires et blessures involontaires par violation délibérée d’une obligation de sécurité ». « On a reclassé Le 3 Pièces en 4e catégorie », indique l’élue, ce qui correspond aux bars de dimension supérieure, soumis notamment au passage de la commission de sécurité, à la signature d’un arrêté municipal d’ouverture et à des contrôles réguliers.
Sachant que d’autres manquements, comme le défaut d’alarme, ont été constatés, « l’avis défavorable ne sera levé que lorsque l’ensemble des prescriptions aura été réalisé », annonce Fatima El Khili. En attendant, « cela signifie aussi qu’en cas d’incendie, les assurances ne couvrent pas »… Le coup est dur aussi pour les associations qui profitaient de cette scène ouverte pour programmer des artistes de qualité. « La culture alternative n’est déjà pas très reconnue, cela ne va rien arranger », soupire un bénévole rouennais.