Article du Paris-Normandie du 15 novembre 2016
Politique. L’opposition, les Verts et les communistes font front commun contre le PS pour rétablir la distribution des colis de Noël aux aînés.
À l’heure où les guirlandes fleurissent en ville, où les catalogues de jouets échouent dans les boîtes à lettres, où les rayons foie gras s’étalent dans les supermarchés, le conseil municipal de lundi soir a eu lui aussi le droit à son chant de Noël. Et les groupes ont presque tous entonné le même air à l’unisson : le retour des colis aux personnes âgées.
Souvenez-vous il y a un an, la majorité socialiste réduisait à peau de chagrin le nombre de colis destinés aux seniors, passant de 8 700 à 1 400 bénéficiaires, lui permettant ainsi de réaliser 80 300 euros d’économies, utiles en ces temps de restrictions budgétaires. S’en était aussitôt suivie une levée de boucliers des différentes composantes de l’échiquier politique, du Front de gauche au FN, qui s’était alors fendu d’une motion mais n’avait pas réussi à mobiliser le reste de l’assemblée.
Prendre en compte la dimension symbolique
Un an plus tard, on prend les mêmes et on recommence. Les Verts, favorables au rétablissement des colis de fin d’année, ont effleuré le sujet lors de leur motion sur le mécénat (lire notre édition d’hier) en début de séance, le plat de résistance étant relégué à la fin de l’ordre du jour et de ses trente délibérations. Et c’est le groupe UDI Centre et indépendants qui donne le premier coup de fourchette avec sa motion intitulée « Adieu les anciens », arguant que « le coût modeste de ce cadeau ne saurait légitimer sa suppression ». Les élus LR-Modem en remettent une louche, estimant que « gérer une ville, ce n’est pas qu’un exercice d’expertise comptable ». Les communistes ajoutent la cerise sur le gâteau, formulant le vœu que le maire prenne en compte « la dimension symbolique » de ces colis.
Gêné aux entournures, Jean-Michel Bérégovoy hésite. « Le titre de la motion m’empêche de la voter », annonce en préambule l’adjoint écologiste. Car résumer la politique menée en faveur des seniors à la seule distribution des colis de Noël est pour le moins réducteur. Ce que s’époumone à prouver l’adjoint en charge de cette délégation, Olivier Mouret (PS), énumérant, très succinctement, une infime partie des actions menées à destination des aînés, « comme les 3 500 places de spectacle proposées gratuitement », pour ne citer que celle-là. Mais la démonstration est inutile : Jean-Michel Bérégovoy reconnaît ce travail de fond, et ne le remet pas en cause. « Mais si nous n’avons pas la certitude de former une commission pour remettre les colis à l’ordre du jour, en réfléchissant aux critères, nous votons la motion. »
Et, tandis que le groupe Décidons Rouen se réunit en pleine séance pour se concerter et que l’UDI remanie son texte pour plaire aux communistes et aux écologistes, le maire Yvon Robert (PS) tente un difficile numéro d’équilibrisme. « Nous sommes d’accord pour faire une commission sur la question des anciens, mais à partir d’un diagnostic de ce qui existe déjà. Il me semble déraisonnable d’aller directement à la conclusion, il faut prendre en compte tout ce qui a été fait ! Je suis prêt à en faire plus pour les personnes âgées, mais je ne suis pas sûr que la décision la plus intelligente soit de rétablir la distribution des colis de Noël. » Mauvaise pioche. Pour Jean-Michel Bérégovoy, la proposition du maire « n’est pas assez précise ». Au final, la motion est votée par tous les groupes sauf le PS, et est donc adoptée par 30 voix.
Parallèlement, le conseil municipal a validé la convention de partenariat entre la Ville et Ferrero. L’enjeu : la distribution de 2 000 boîtes de chocolat et 100 produits Kinder aux aînés pour les fêtes de fin d’année. La délibération a été votée par tous les groupes… sauf Décidons Rouen.
LIRE LA SUITE SUR PARIS-NORMANDIE.FR
